Le nouvel ISF immobilier pourrait coûter cher à l’État
La transformation de l’impôt sur la fortune en un impôt sur la fortune immobilière ne rapporterait «que» 850 millions d’euros contre 4,8 milliards d’euros pour l’actuel ISF. De quoi relancer le débat autour du maintien dans sa formule actuelle ou de sa suppression.
L’ISF doit-il être supprimé ou pas? Cette question a longtemps - et elle continue encore - animé les débats au sein de la classe politique ou des milieux économiques, y compris immobiliers. Au final, cet impôt, qui rapporte aujourd’hui un peu moins de cinq milliards d’euros à l’État, sera recentré et même renommé, en 2018.
Concrètement, seules les valeurs immobilières entreront désormais dans la base taxable de l’ISF. En revanche, tous les placements financiers, de l’assurance vie au PEA en passant par les comptes titres et autres contrats de capitalisation, en seront exonérés. Une interrogation subsiste toutefois autour de la pierre-papier (appelée plus communément les SCPI) qui est un véhicule d’investissement dans l’immobilier de bureau et dont ne sait pas encore s’il sera également exclu de l’assiette de calcul.
Quoi qu’il en soit, cette réforme pourrait coûter cher à l’État. La transformation de l’Impôt sur la fortune (ISF) en un impôt sur la fortune immobilière (IFI) ne rapporterait «que» 850 millions d’euros aux finances publiques, selon Les Échos qui ne cite pas de source. Soit un manque à gagner d’environ quatre milliards d’euros. Ce qui est loin d’être négligeable alors que la recherche d’économies budgétaires se complique pour le gouvernement. Durant la campagne présidentielle, le candidat Macron avait estimé le coût de sa réforme à deux milliards d’euros avant que ce chiffre ne soit revu à la hausse, à trois milliards d’euros, cet été durant l’élaboration du projet de loi de finances.
Un impôt pas si immobilier que cela
Surtout, ce sujet risque, comme le souligne le journal, de donner du grain à moudre à ceux qui réclament la suppression totale de l’ISF et à ceux qui plaident pour son maintien en l’état actuel. Parmi eux, une majorité de Français: ils sont 56% à être opposés à une réforme de l’impôt sur la fortune, selon un récent sondage réalisé par Viavoice. «En opposant placements immobiliers et placements dans l’économie réelle, on alimente cette idée selon laquelle l’immobilier serait improductif et ne servirait qu’à enrichir des propriétaires rentiers, souvent déjà très riches d’ailleurs, déplore Sébastien de Lafond, président et fondateur de Meilleursagents. On oublie que ces mêmes propriétaires - pas forcément tous riches — permettent de loger plus de 23% des ménages français, de remplir les caisses de l’État à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an et de participer à l’emploi de 250.000 personnes dans les services immobiliers et 1,2 million d’emplois dans la construction».